mardi 2 avril








4月2日(火)
EBISU, NAKAMEGURO
et DAIKANYAMA
Au fait, j’ai oublié de vous dire que depuis hier on connaît le nom de la nouvelle ère qui commencera le 1er mai prochain pour l’avènement de l’empereur Naruhito après l’abdication de son père (voir la rubrique culture > histoire) : ce sera l’ère reiwa (les 2 kanji qui composent ce nom impliquent les notions d’harmonie et de paix. C’est le gouvernement qui a choisi ce nom et pas l’empereur comme c’était le cas autrefois.
Ceci étant dit, ce matin départ à 9h30. Il fait de nouveau très beau et j’ai une nouvelle fois oublié de prendre ma casquette : autant vous dire que mon crâne rougit à vue d’œil. Je prends le train à la gare de sugamo de la JR yamanote line (en fait, elle communique avec celle de la Toei mita line, et c’est facile de s’y retrouver car chaque ligne est repérée par des lettres et une couleur et les stations sont numérotées. Par exemple, pour la station de sugamo, sugamo eki, c’est JY 11 pour la JR yamanote line et I 15 pour la Toei mita line.
Et avec la carte suica, on paie pour n’importe quelle ligne : on passe la carte à l’entrée et à la sortie et ça calcule le prix à débiter en fonction de la distance totale parcourue.
Le descends à la station ebisu. Je sors du bon côté mais je me trompe de chemin pour la suite. Ce n’est pas bien grave car il est encore tôt et ça me permet de repérer un mini sanctuaire en haut d’un escalier du dôté droit de la rue, avec tous les éléments : le sanctuaire bien sûr, mais aussi les plaques votives, les divinités avec leur bavoir rouge et la fontaine pour se purifier. Au moins, il n’y a pas bousculade : je suis seul.
Ça grimpe un peu ensuite et, après être passé devant un mignon café bien fleuri, j’arrive enfin à destination : la ebisu garden place. Ebisu est un quartier branché de l’arrondissement de shibuya, situé en plein cœur de tōkyō. À l’abri de l’agitation urbaine et dans un environnement à la fois chic et reposant, ebisu regorge de boutiques, restaurants cosy et bars prisés aussi bien des locaux que des touristes. La yebisu garden place se compose d’immeubles d’affaires mais aussi de grands magasins, de restaurants, d’hôtels et du musée de la bière.
Vous vous demandez certainement la différence qu’il y a entre ebisu et yebisu : en fait le katakana ヱ qui est utilisé dans le nom de la bière yebisu (ヱビス) est celui du we, et le son ye ayant disparu de la langue japonaise a été remplacé par le son e (エ en katakana). D’ailleurs la monnaie japonaise 円, que nous prononçons « yen », se dit « en » en japonais. Si vous n’avez pas compris, pas de problème.
Je commence par admirer l’espèce de château à la française situé tout au fond de yebisu garden place : c’est un restaurant de feu le chef français Joël Robuchon. Ça fait tout drôle au milieu de ces grands bâtiments modernes. Je cherche un peu ensuite le fameux musée de la bière pour finir par le dénicher au sous-sol d’un bâtiment d’affaire de sapporo holdings limited (encore une marque de bière). Il est 10h49 et une dame m’indique le panneau où est indiquée l’heure d’ouverture : 11h. Elle me donne tout de même un plan du musée pour patienter. Et à 11h00 pile (quelle ponctualité !) la porte s’ouvre.
Je trouve l’exposition très intéressante. J’y apprends que la brasserie a été installée à cet endroit en 1887 et que c’est grace à elle que le lieu s’est développé pour devenir une ville qui a pris le nom de la marque de bière (et non l’inverse comme on pourrair le croire). Pour avoir une bière de qualité, les créateurs de la brasserie ont fait venir un brasseur d’Allemagne ainsi que tout le matériel pour la fabrication. Elle est rapidement devenue réputée. Des bouteilles de différentes époques sont présentées, dont une de 1890 et aussi la première bouteille à capsule (1912) au lieu de bouchons en liège auparavant. J’y croise à nouveau (tiens, quelle surprise !) l’écrivain natsume sōseki qui en parle dans plusieurs de ses livres, bien que ne buvant pas d’alcool lui-même.
En 1940, à cause des restrictions dues à la guerre, un contrôle de la distribution des alcools a été mis en place, les prix ont été réglementés. Et en 1943, les étiquettes de marques ont été interdites. Ce n’est qu’en 1971, soit 28 ans plus tard que, sur l’insistance des consommateurs, ebisu beer a fait son retour.
Je ne vais pas à la dégustation qui suit (il ne peut jamais faire comme tout le monde celui-là !) et je décide de grimper (en ascenceur) jusqu’au 39è et dernier étage de la yebisu garden place tower pour voir (pour la première fois) tōkyō d’en haut. Oui, c’est immense. On n’aperçoit pas fuji san car il doit être dans les nuages. Et l’on voit bien les nombreuses maisons à 1 étage (2 étages pour les japonais) qui se nichent entre les hauts immeubles.
Je profite d’être là-haut pour déjeuner dans l’un des nombreux restaurants qui s’y partagent une clientèle de salarymen. Plus le personnel essaie de m’expliquer les choses en anglais, moins je comprends ! Mais je me débrouille pour commander. C’est un peu plus cher qu’hier avec Louise (1,4000 円, environ 11 €) mais c’est un vrai repas japonais (salade puis donburi). Tout va donc pour le mieux.
Ensuite, pour suivre mon programme, je descends jusqu’au canal de meguro : encore des quantités de cerisiers en pleine floraison, c’est vraiment splendide, je ne m’en lasse pas même s’il y a foule, et surtout des japonais (ça va faire drôle quand il n’y aura plus de fleurs). Et il y en a tout le long du canal, des deux côtés. Pas de bâches bleues (hanami veut simplement dire « regarder les fleurs ») mais de nombreux stands de nourritures (les japonais mangent à toute heure semble-t-il). On est dans le quartier nakameguro, enclave bohème au coeur de l’arondissement de meguro.
Après 2 kilomètres environ (il faut bien s’arrêter à un moment), je tourne à droite pour remonter vers le quartier daikanyama (15′). Je m’arrête à l’immense librairie tsutaya books daikanyama où j’achète 3 livres (en japonais) de natsume sōseki et higuchi ichiyō (toujours eux). J’ai oublié de prendre une photo alors je vous en mets 2 trouvées sur le web.
Et pour terminer en beauté culturelle, toujours à daikanyama, reste une grande maison que je visite (en ayant ôté mes chaussures), la kyū asakura jūtaku, bâtie en 1919 pour torajiro asakura, président de l’assemblée préfectorale de tōkyō avant de se mettre au service de l’assemblée de shibuya. Cette maison est classée « bien culturel important », c’est-à-dire un objet du patrimoine ayant un intérêt historique ou artistique. C’est un exemple remarquable des demeures construites durant l’ère meiji (1868) et jusqu’à la 30è année de l’ère showa (1956). Le jardin est également très beau.
Et je prends la direction du nord pour retrouver en un quart d’heure la gare de chibuya (et son chien hachikō, vous vous souvenez ?). Je monte au starbucks coffee en face afin de tenter de saisir d’un peu en hauteur le carrefour aux cinq passages piétons. Pas facile, car je ne suis pas le seul à avoir cette idée.
Je voulais ensuite aller me reposer au jardin de shinjuku, mais lorsque j’y arrive, après quelques stations de yamanote line (16h), il est déjà fermé. Il faudra que j’y revienne un autre jour si un créneau se libère, peut-être demain, après nakai et nakano.
Je rentre donc à sugamo et m’achète quelques victuailles pour le goûter et le dîner. Les pieds vont bien mais les articulations chauffent un peu : ça doit manquer de lubrifiant !