samedi 13 avril












4月13日(土)
HIGUCHI ICHIYŌ
YOSHIWARA
OIRAN DOCHU
Ce matin, je démarre à 9h. De la gare de sugamo, je vais jusqu’à ueno et, de là, je me dirige vers minowa. Mon itinéraire longe des voies superposées qui me font penser à 1Q84 de Murakami.
Ma destination est l’emplacement de la maison de higuchi ichiyō, vous vous souvenez la jeune écrivaine morte à 24 ans. Elle s’était installée dans ce quartier très pauvre et y avait ouvert un magasin de confiserie, papeterie et divers jouets pour enfants afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa mère et de sa jeune sœur. Elle n’y est demeuréequ’une dixaine de mois, son affaire commerciale ayant vite périclité. Il n’y a qu’une stèle qui marque l’endroit de sa maison. Mais juste à côté, un musée réalisé à sa mémoire permet de mieux se rendre compte de la vie littéraire à son époque ainsi que de sa courte vie (que je connaissais déjà). Quelques maquettes représentant sa rue ainsi que son habitation et son magasin sont également présentées.
De ce musée, je vais jusqu’à l’entrée du yoshiwara (qui est à 2 pas), l’ancien quartier des plaisirs de edo (tōkyō) : artistes, acteurs de kabuki, geisha, courtisanes et prostituées), qui a été complètement détruit par un incendie en 1913, mais a continué à fonctionner jusqu’à l’abolition officielle de la prostitution en 1958.. Il ne reste rien des bâtiments d’autrefois si ce n’est le tracé des rues de ce quartier où l’on ne pouvait accéder qu’en barque car il était entièrement entouré par une douve. La grande porte (yoshiwaraomon), où l’on ne pouvait passer qu’après avoir obtenu un ticket dans une des maisons de thé qui précédaient, n’est marquée que par 3 lampadaires et l’on peut voir aussi le saule pleureur, où les visiteurs qui repartaient au petit matin, s’arrêtaient et se retournaient en soupirant (bien sûr ce n’est pas l’arbre d’origine).
Le quartier comporte encore des lieux de plaisirs car la prostitution ne concerne pas les accords privés conclus entre des personnes quel que soit le lieu. Je parcours la rue principale. Au bout, le petit sanctuaire yoshiwara shrine, et de l’autre côté le yoshiwara benten, dédié à la déesse benzaiten, déesse de la musique, des arts, de l’éloquence, la seule femme parmi les 7 divinités du bonheur. Elle est associée à la bonne fortune, la prospérité, la longévité. Beaucoup de courtisanes venaient y prier car leur moyenne d’âge de décès était de 23 ans, à cause des maladies vénériennes.
Mais il est temps que je rejoigne le lieu de rendez-vous avec Louise, Emmy et Valentine, car un peu plus loin dans le quartier asakusa, se déroule aujourd’hui le ichiyō sakura matsuri, et en particulier le oiran dochu, une reconstitution (en costumes de la période edo) du défilé des oiran (courtisanes de haut rang) qui avait lieu tous les ans à l’époque des cerisiers en fleurs. C’était l’occasion pour elles de se mettre en vedette et de porter ce qui se faisait de mieux en ce qui concernait les vêtements et la coiffure. Ça faisait un peu office de Fashion Week.
Nous sommes trop en avance. On cherche un resto de sushi, que l’on trouve tout près du temple d’asakusa. C’est le style de restaurant où les assiettes défilent sur un tapis roulant, chaque assiette ayant une couleur qui indique son prix. On se sert au passage, au fur et à mesure de son envie. Bien que n’étant pas un fan des sushi, j’ai trouvé cela bon, d’autant qu’il y avait de la variété, que ce soit formes ou ingrédients. En retournant vers le lieu du défilé, on s’achète qui une glace au macha qui une sorte de gaufre au chocolat avec glace à l’intérieur.
Quand on arrive, il y a déjà beaucoup de spectateurs, mais on réussit à trouver une place d’où l’on verra bien le passage du cortège. Et c’est le cas vers 15h. Je ne vous détaille pas la fonction des différentes parsones qui passent. Sur les photos, vous reconnaîtrez bien les 2 oiran avec leurs obi noués sur le devant, les soques en bois de 20 cm de haut, les habits luxueux et la coiffure très complexe et richement ornée. Et pieds nus s’il vous plaît.
Tout ce petit monde avance très lentement car les oiran ont une façon spéciale de marcher en tournant les pieds (d’ailleurs, pour ne pas tomber, elles s’appuyent sur l’épaule d’un homme qui se tient à leur côté).
C’est terminé, je suis vraiment content d’avoir puis assister à ce défilé traditionnel. Au retour, on travarse un petit marché aux puces où les filles s’arrêtent un peu lorgner sur les vêtements. Puis on se sépare et je rentre à mon hôtel. Mais auparavant, je me rends dans le jardin rikugien, où j’étais allé avec Louise et Valentine, le soir du 3 avril, pour les illuminations de sakura. Ça vaut vraiment le coup car c’est un grand jardin avec en son centre un magnifique jardin japonais qui profite pleinement du soleil d’aujourd’hui (j’ai oublié de vous dire qu’il faisait extrêmement beau).
C’est un jardin de daimyō. Il a fallu 5 ans au seigneur yanagisawa yoshiyasu pour aménager un jardin sur un terrain octroyé par le 5e shogun tokugawa tsunayoshi en 1695.
Ça y est ! Je rentre à l’hôtel. Mais je sort à nouveau vers 19h car j’ai rendez-vous avec les filles à shibuya (et son fameux carrefour) pour leur offrir un dîner. J’ai un peu de mal à les retrouver. Il fait nuit, il y a vraiment beaucoup beaucoup de monde, plus que dans la journée je trouve (il est vrai que c’est samedi soir et c’est un lieu de sortie très fréquenté par les jeunes (dont je ne suis pas). Quelle foule ! Et quelle débauche de lumière ! Finalement, grâce à google maps (partagez votre position), je les rejoins devant le magasin daiso (tout à 100 円).
J’avais demandé des grillades car je n’en ai pas encore dégustées. Elles me dénichent un izakaya, sorte de bistrot où l’on peut rester aussi longtems qu’on veut en buvant et mangeant des petites portions de divers plats, dont beaucoup de préparations en brochettee. Tout est au même prix, plat ou boisson (environ 300 円) et je m’offre mon premier sake tiède que je trouve bon (alcool à 90° dilué dans de l’eau chaude). C’est chouette, l’ambiance est bonne, un peu bruyante cependant.
Pour être ensuite un peu plus au calme, on trouve un café, style artiste, avec un grand ventilateur à pâles qui donne un peu froid tout de même. On y reste jusqu’à 23h15, mais il faut partir car les métros et trans s’arrêtent entre 23h30 et minuit. Je les quitte là car on ne prend pas les mêmes transports. Pour mon premier bain de nuit, j’ai été servi. Cette fois-ci le retour à l’hôtel est définitif pour la journée. Repos bien mérité.